Le roman de la détresse ou quelques années d’une VIE DE FEMME (selon Sylvia Plath)

La cloche de détresse (The Bell Jar) est le seul et unique roman de Sylvia Plath, célèbre pour ses poèmes et ses nouvelles. Largement autobiographique, il est publié à Londres en 1963, sous pseudonyme, un mois avant la disparition de son auteur.

The Bell Jar de Sylvia Plath, Editions Faber and Faber, Collection Faber Firsts

L’héroïne et narratrice du roman est une brillante jeune femme de 19 ans, Esther Greenwood, originaire de la banlieue de Boston. Lauréate d’un concours de poésie organisé par un mensuel de mode, elle gagne un séjour à New York ainsi qu’un travail d’un mois au sein de la rédaction de ce magazine.

Consciente de vivre un rêve que beaucoup de femmes lui envient, elle mène ce mois durant une existence lascive et mondaine, logée dans un luxueux hôtel, invitée à des soirées somptueuses.

Mais ce mode de vie futile et les relations d’un soir ne correspondent pas à ce qu’elle attend de la vie et révèle en elle un gouffre de solitude.

« Je me sentais très calme, très vide, comme doit se sentir l’oeil d’une tornade qui se déplace tristement au milieu du chaos généralisé. »

Esther aspire à une vie d’artiste et d’intellectuelle, mais ce rêve se heurte aux diktats de la société américaine de l’époque, corsetée et codée. On attend d’une femme qu’elle fasse un bon mariage, qu’elle ait une belle maison et des enfants modèles. Esther ne peut se conformer à ce modèle qu’on lui impose. En décalage avec son époque, la jeune femme va se perdre et sombrer lentement dans la mélancolie.

« Je serai toujours prisonnière de cette même cloche de verre, je mijoterais toujours dans le même air vicié. »

Parce qu’il met en scène une héroïne de 19 ans et qu’il nous interroge sur la condition des femmes dans la société américaine des années 50, ce roman connaît un succès phénoménal dans les années 70, lors de sa publication aux Etats-Unis. La critique féministe brandit La cloche de détresse comme un manifeste, trouvant là un écho à ses revendications et ses luttes.

Sylvia Plath réfléchira toute sa vie à ces questions, et toute sa vie elle sera partagée entre son rôle de femme au foyer et de mère, et ses aspirations à une vie de liberté et de création. Son œuvre littéraire portera le sceau de sa féminité, avec ses interrogations, ses doutes et ses craintes. Tandis que l’héroïne de La cloche de détresse suit la voie qu’on lui impose, Sylvia Plath, elle, refuse de rentrer dans le rang. Elle se donne la mort en 1963, à l’âge de 30 ans, dix ans après sa première tentative de suicide, en prenant soin de laisser ses enfants dormir en sécurité, une tasse de lait et du pain beurré disposés sur leur table de nuit.

Sylvia Plath en quelques dates

  • 27 octobre 1932

    Naissance de Sylvia à Boston

  • 16 juin 1956

    Mariage avec le poète Ted Hugues

  • 14 janvier 1963

    Première édition de The Bell Jar

  • 11 février 1963

    Suicide à Londres

Note : 4 sur 5.

La cloche de détresse
Sylvia Plath
Michel Persitz (traduction)
Éditions Gallimard, 1988, 280 pages