Le train qui relie les gares de Takarazuka et Nishinomiya-kitaguchi, dans la région de Kobe-Osaka est qualifié de « mignon » et « d’élégant » par les femmes de la région et les touristes. Ces qualificatifs peuvent assurément s’appliquer à ce roman choral ferroviaire de Hiro Arikawa.
Au prochain arrêt est le second roman de la Japonaise Hiro Arikawa. Comme Les mémoires d’un chat, ce roman semble plutôt s’adresser à un public de jeunes adultes. Mais lu sur une plage ou à l’heure de la sieste, il peut convenir à un public plus large et offrir quelques heures de plaisir de lecture. Car, même pétri de bons sentiments, il est charmant.
Des instants de vie décrits avec tendresse

Au prochain arrêt suit une dizaine de personnages qui, le temps d’un trajet sur la ligne Hankyu-Imazu se croisent, s’observent silencieusement et parfois échangent. Un regard, quelques mots peuvent influer sur le cours d’une vie. Ce sont ces instants de vie dans cet espace-temps qu’est le train que capte Hiro Arikawa avec subtilité.
Shōko, jeune femme trahie par son fiancée, monte dans le wagon en gare de Takarazuka vêtue d’une robe blanche, prête à jeter un sort. Tokié, une grand-mère au ton direct, lui ouvre un nouvel horizon lorsqu’elle lui suggère d’aller se promener dans le quartier de Kobayashi. À l’inverse, c’est la jeune Misa qui fait prendre conscience à Yasué la quadragénaire, sur un banc de la gare de Mondo Yakujin que les manières grossières de ses amies la rendent malade. Un couple se forme quand un autre se déchire. Chaque histoire est une occasion de découvrir l’âme humaine, les codes sociaux japonais et les gares de cette ligne peu connue.
Les gens qui prennent le train seuls se composent en général une mine indifférente. Leur regard, qui va des publicités placées en hauteur au paysage à l’extérieur, erre en évitant sans cesse de croiser celui d’autrui. […] Une personne seule qui n’agira pas ainsi et exprimera une émotion attirera l’attention.
Un roman choral habilement composé
Au prochain arrêt est composé de deux parties de huit chapitres, les parties représentant le trajet aller et le trajet retour, les chapitres, les huit gares de la ligne faisant de la ligne Hankyu-Imazu un personnage de ce roman. De la même manière que le passager d’un train est à la fois l’observateur et l’observé, les personnages de ce roman sont à la fois les protagonistes de certaines scènes et les observateurs d’autres scènes. Ce procédé permet une multiplication des points de vue qui enrichit la narration. Le récit est habilement construit sur une chaîne d’événements où tous les personnages finissent par être connectés.
Les voyages en train agissent comme des temps de pause et invitent à l’arrêt sur soi-même. À travers ses personnages, Hiro Arikawa se pose en douce observatrice de ces instants où les vies changent de trajectoire. Elle remarque avec une légèreté qui n’est qu’apparente l’influence des rencontres impromptues et brèves sur nos décisions. Elle fait le constat que nous sommes tous plus ou moins liés les uns aux autres, comme les gares sont reliées entre elles par une voie ferrée.
Au prochain arrêt
Hiro Arikawa
Sophie Refle (traduction)
Actes Sud, 2021, 184 pages.