PLAN DE RELANCE pour le LIVRE : le CNL à la barre

Plus de 20 millions d’euros ont été alloués en 2020 à la filière du livre au titre des plans d’urgence et de relance. Soit presque autant que le montant alloué aux dispositifs réguliers par le Centre National du Livre (CNL). Bilan d’une année exceptionnelle.

En mars 2020, le secteur de la culture s’est arrêté.  Les librairies ont baissé le rideau, les maisons d’édition ont reporté ou annulé les publications de livres, les festivals littéraires ont été suspendus. Chacun est rentré chez soi. Et a découvert qu’il avait du temps pour… lire. Car les Français ont lu pendant le confinement, surtout des auteurs très médiatisés, les libraires confinés ne pouvant pas prescrire des auteurs et des maisons d’édition moins connus.

C’est dans ce contexte que le Centre National du Livre s’est vu confié dès juillet 2020, par le ministère de l’Économie et le ministère de la Culture, la mise en place d’un plan de relance pour le secteur du livre. Car la difficulté,  « c’est la traînée de poudre de la crise qui peut s’étaler dans le temps sur 2021 et 2022 », selon Régine Hatchondo, présidente du CNL (Extrait de l’interview donné dans Livre Hebdo, le 28 février 2021).

Un fort soutien aux librairies

Sur les 18 millions d’euros du plan de relance débloqués en 2020, plus de 15 millions ont été alloués à des aides destinées aux librairies françaises. Plus de 1200 librairies ont sollicité une subvention compensant les pertes d’exploitation à hauteur de 80% des charges fixes survenues pendant les deux mois de fermeture obligatoire, représentant 83% du montant du plan de relance.

L’autre volet de ce soutien aux librairies vise à favoriser leur modernisation. Qu’il s’agisse de rénover des locaux ou d’acheter du matériel informatique, 26 librairies ont demandé cette aide pour un montant total d’un peu moins d’un million d’euros. C’est peu, moins qu’attendu par le CNL qui prévoit de prolonger ce fonds pour 2021 et 2022 en le rendant plus attractif. Le plafond maximal par projet sera porté au-delà de 150 000 €.

Le dernier volet du plan de relance pour les librairies concerne les librairies francophones à l’étranger. Elles aussi ont bénéficié d’une aide pour faciliter leur relance mais dans des proportions bien moindre puisque à peine 2% du montant total du plan leur ont été alloués.

Le soutien renforcé à la création

Le plan de relance ne doit pas faire oublier que le plan d’urgence vient d’être réactivé pour soutenir les auteurs et les traducteurs. En 2020, le CNL a versé plus d’un million d’euros aux auteurs et aux traducteurs, via la Société des Gens de Lettres (SGDL). Le 19 juillet dernier, ce fonds a été réactivé pour leur permettre de surmonter les difficultés financières et économiques qu’ils continuent de rencontrer. Avant la crise, les auteurs trouvaient leur revenu dans leur participation à des manifestations et dans les droits d’auteur. Or, l’annulation d’un nombre important de manifestations en 2021 et le report voire l’annulation des publications engendrent des difficultés de trésorerie pour les auteurs.

Les traducteurs sont touchés indirectement par la baisse considérable des achats de droits de traduction du fait de l’annulation des grandes foires où les éditeurs avaient l’habitude de se rencontrer pour acheter et vendre des ouvrages. Moins d’ouvrages échangés, c’est moins de travail pour les traducteurs. Aussi, pour pallier le risque de voir la diversité de la création s’appauvrir et de retrouver trop de best-sellers sur les tables des librairies, le CNL a choisi de renouveler en 2021 le soutien aux auteurs et traducteurs.

Comme le soutien aux éditeurs indépendants. Le 21 juin dernier a été créée une nouvelle aide économique exceptionnelle de soutien aux maisons d’édition indépendantes. Intégrée au plan de relance et d’un montant d’un million d’euros, elle a pour objet de soutenir les maisons d’édition dans la reprise de leur activité et d’accompagner les éditeurs dans leur programmation.

Un soutien important parfois non sollicité

Derrière ces montants, il y a une réalité : seulement un tiers des librairies françaises ont fait appel aux subventions du CNL et beaucoup d’éditeurs hésitent à se tourner vers l’État. La lourdeur de la charge administrative engendrée par les demandes d’aide pour ces petites entreprises est assurément un frein. Mais ce n’est pas la seule raison. Le secteur est attaché à préserver son indépendance. La liberté d’écrire et de publier est une valeur inhérente à la filière que ces professionnels ne sauraient renier, même en période de crise.

Le CNL affiche un soutien massif à la filière du livre en France. Il faudra attendre encore un peu pour connaître le taux d’utilisation de ces fonds. D’ici là, on saura peut-être aussi où se situe la frontière entre plan d’urgence et plan de relance.