Passion simple, le roman autobiographique d’Annie Ernaux vient d’être adapté au cinéma par la réalisatrice Danielle Arbid. Une réussite.
Récit intime de l’obsession amoureuse, Passion simple raconte la passion d’Hélène, une femme d’âge moyen, universitaire et écrivaine, mère d’un garçon de dix ans pour Alexandre, un homme d’affaires de passage, marié. Leur relation adultérine dure plus d’un an au cours duquel elle l’attend, le désire. Annie Ernaux décrit l’amour comme un vide, car fait de l’absence de l’autre. À sa sortie, le roman n’avait pas emballé les critiques, trouvant son héroïne trop soumise, même si l’écriture de l’auteure avait, comme toujours, été saluée.
À partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il téléphone et qu’il vienne chez moi.
La réalisatrice Danielle Arbid, en adaptant Passion simple au cinéma relève deux défis : transposer l’écriture blanche d’Annie Ernaux et filmer les corps au plus près, sans tomber dans le voyeurisme ou la mise à distance. « Le charnel pour moi doit raconter une émotion forte. Pas des explorations sexuelles ». Elle réussit à mettre en scène l’attente, le désir et le manque. Tout en s’autorisant quelques libertés avec le roman en le situant aujourd’hui plutôt que dans les années 90, et en montrant des scènes de sexe qui n’existent pas dans le livre. Danielle Arbid s’en explique dans une interview donnée au CNC: « Je voulais filmer le “ tomber en amour » de cette femme. Le passage d’un simple “ coup sexuel » à une passion qui va devenir toxique, puis à une maladie dont elle va tenter de se sortir comme une réhabilitation d’elle-même. Ce mouvement-là était évidemment présent dans le livre, mais je voulais l’accentuer par les images pour que le spectateur puisse comprendre pourquoi elle attend. »
Laetitia Dosch qui interprète le rôle d’Hélène est magnifique. Un film à ne pas rater.
Extrait de la bande annonce.