Du ROCK dans la traduction!

Depuis presque dix ans, Janique Jouin-de Laurens traduit des romans américains en français essentiellement pour les éditions Gallmeister. Cette fine connaisseuse du monde de la musique rock a eu plusieurs vies avant d’être traductrice. Rencontre décontractée.

Nous avons rencontré Janique à la librairie Le Passeur lors d’une soirée de présentation des éditions Gallmeister. Avenante, vêtue d’un jean et d’un t-shirt noir, elle raconte avec aménité son parcours et son expérience de traductrice.

L’anglais, elle l’a appris seule après avoir fait une maîtrise de psychologie sociale. Ce sont les années passées dans le monde de la musique rock où elle multiplie les activités, du management à l’écriture de textes (sans jamais monter sur scène, toutefois), qui lui permettent de développer sa connaissance de la langue. Et ses dix-huit voyages aux États-Unis. Sa première traduction ? Un livre sur les Ramones qu’elle traduit pour son mari. D’autres suivront sur des groupes de rock puis des fanzines. « Mais ce n’était pas de la traduction pour moi. »

Jennifer Haigh, Le grand silence, Gallmeister

La traduction qu’elle aime, elle y vient après avoir fait un bilan de compétences qui l’a conduite au Master 2 de traduction de l’Université de Bordeaux en 2012. Sa rencontre avec Oliver Gallmeister a ensuite été déterminante : il lui confie les romans de Keith McCafferty, Elliot Ackerman, S. Craig Zahler et surtout Jennifer Haigh.

De Jennifer Haigh, Janique Jouin-de Laurens a traduit Le grand silence et Ce qui gît dans ses entrailles, tous deux publiés chez Gallmeister. Deux romans qu’elle a beaucoup aimés. Depuis, la traductrice et l’auteure se sont rencontrées et ont appris à se connaître au point de faire naître une complicité. Chacune a traversé l’Atlantique pour rejoindre l’autre sur ses terres, de Boston à Bordeaux.

« Le fait de se connaître aide à la traduction. La façon de parler, les mots qu’elle utilise, la manière dont elle dit les choses… Ça aide à trouver la voix de l’auteure.  Et puis, j’hésite moins à envoyer des messages quand j’ai besoin d’infos. »

C’est le boulot du traducteur : se glisser dans la peau de l’auteur et être le plus fidèle possible au texte. On doit s’effacer derrière l’auteur. 

Les éditions Gallmeister lui confient la traduction du roman de Louisa May Alcott, Les quatre filles du docteur March. « Ça m’a passionnée ! Il fallait moderniser le texte sans trop le dénaturer. » Elle se plonge alors dans le dix-neuvième siècle et dans les deux seules éditions annotées qui existent. Quand elle bute sur un mot, c’est la fondation Louisa May Alcott qui lui apporte un soutien technique pertinent.

Même si la publication de sa traduction de Patrick Michael Finn n’a pu aboutir, Janique reste tout entière dévouée au roman. « J’ai beaucoup aimé traduire le dernier [roman] d’Elliot Ackerman, qui va sortir en mars prochain et qui raconte la Troisième Guerre mondiale. C’est captivant. » En attendant, elle se prépare à traduire Merci street, le prochain roman de Jennifer Haigh à paraître chez Gallmeister…