Lire en Poche 2021 : le retour au grand format

Après avoir été décliné en petit format pour cause sanitaire en 2020, le salon des livres de poche revient dans un format traditionnel, avec les contraintes sanitaires qui s’imposent. Présentation de cette 17ème édition qui se tiendra les 8, 9 et 10 octobre prochains par Lionel Destremau, Commissaire général du salon Lire en Poche.

Lire en Poche est le salon du livre girondin traditionnellement consacré aux livres de poche. Annulé en 2020 à cause de la crise sanitaire, ses organisateurs ont, malgré les incertitudes du moment, osé mettre sur pied l’édition 2021. Même s’il y a cette année moins d’étrangers dont les déplacements aériens sont encore difficiles, les auteurs ont répondu présents. Entre gestes barrière et pass sanitaire, Lire en Poche aura bien lieu les 8, 9 et 10 octobre prochains au Parc de Mandavit de Gradignan.

Quel impact a eu la crise sanitaire sur l’organisation de cette édition ?

Lionel Destremau. La crise sanitaire a eu plusieurs effets sur Lire en Poche. Le premier est de nous avoir volé du temps de préparation. En 2020, nous étions dans la réactivité et l’urgence. Il fallait réinviter le salon selon des conditions sanitaires très strictes et complexes. Et nous avions prévu une édition en conséquence qui malheureusement n’a pas pu voir le jour puisqu’à peine 1 mois avant la date du salon des réductions de jauge finissaient par imposer l’impossibilité de mettre en œuvre tout ce qui avait été planifié.

Pour cette année ce fut différent, nous n’étions plus dans la réactivité mais dans la projection… Or, nous n’avions aucune idée de la façon de nous projeter, des conditions qui seraient en cours en octobre 2021. Habituellement, nous démarrons très rapidement, presque dès la fin d’une édition, la préparation de la suivante, en essayant de poser les premiers jalons, de lancer les invitations les plus importantes le plus tôt possible. Là, à l’automne et l’hiver 2020, nous avons dû d’abord envisager tous les scénarios possibles pour l’automne suivant, avec ou sans jauge , avec ou sans distanciation, avec ou sans pass sanitaire, etc. Il ne nous est pas venu à l’esprit que le covid aurait disparu comme par enchantement !

Cette édition 2021 est volontairement tournée vers l’idéal de ressembler à une édition normale, dans ces grandes lignes, tout en tenant compte de conditions qui elles ne sont toujours pas normales

Parce que chaque choix a des impacts directs sur tout le reste, la programmation par le nombre d’invités envisageables, les espaces de rencontres, de stands de libraires et donc d’accueil du public, etc. Nous avons donc temporisé autant que possible avant d’arrêter un choix quant à la formule choisie, en essayant de mesurer le risque de devoir tout annuler, ou en partie seulement, en cas de reprise épidémique forte par exemple. En outre, les maisons d’édition elles-mêmes étaient dans l’expectative tant elles avaient pris la triste habitude de voir les événements être annulés après des mois de préparation.

Affiche du salon du livre Lire en Poche, édition 2021

Nous avons aussi dû faire des choix budgétaires pour, par exemple, envisager une nouvelle entrée au salon afin de tenir compte du contrôle des pass sanitaires. Nous avons par exemple appris aujourd’hui que les tests ne seraient plus remboursés qu’à partir du 15 octobre. Il a été question de début octobre un temps, ce qui n’aurait peut-être pas eu le même impact sur la fréquentation du salon par exemple.

Nous ne savons pas, évidemment, si les choix décidés seront justes au final. Nous n’avons aucune idée de ce que sera la fréquentation en cette année de reprise et avec un pass sanitaire imposé à tous.

Parmi les autres effets collatéraux, nous avons fait les frais de situations sanitaires différentes d’un pays à un autre, avec des contraintes de voyage qui ont conduit à l’annulation d’une partie des invités étrangers, les anglo-saxons en particulier, deux auteurs venant d’Algérie aussi. Il y a eu aussi d’autres effets dominos. Par exemple, un auteur qui n’a pu suivre une opération en 2020, reportée sine die, et qui apprend il y a quelques jours qu’elle aura lieu le vendredi du salon… et qu’elle n’est pas déplaçable. Ou encore les compagnies aériennes qui suppriment des vols sans option de remplacement au détriment d’invités qui ne peuvent plus venir. Tous ces changements dus au covid sont impossibles à anticiper et impactent directement la programmation. Nous avons dû aussi nous adapter sur des protocoles sanitaires pour les repas par exemple, envisager un peu plus de personnel pour gérer les files d’attente de dédicaces et faire respecter autant que possible les gestes barrière.

La thématique de cette année engage à la découverte, à éveiller à la poésie, à l’art de la nouvelle, aux variations romanesques multiples. Pour le reste, c’est affaire de goût, de curiosité littéraire, de plaisir de lecture. Il y en a pour toutes et tous, dans tous les genres littéraires.

Quels en sont les temps forts ?

Jean Teulé, crédit photo Pascal Ito / Flammarion
Jean Teulé (photo : Pascal Ito / Flammarion), parrain de l’édition 2021

Il y a toujours une certaine attente autour du parrain ou de la marraine chaque année, puisque l’auteur choisi a un rôle à part dans la programmation, donne une certaine couleur au salon par sa présence, ses invités ou la représentation de son œuvre, donc il faudra suivre Jean Teulé, ses invités Lionel Duroy et Guillaume Meurice, la lecture-rencontre autour de Baudelaire avec Dominique Pinon notamment. Nul doute aussi que le concert slam et poésie de Souleymane Diamanka en clôture sera un des temps forts de cette année.

En jeunesse, la présence de plumes très variées, que ce soit Jean-Claude Mourlevat, Maire-Aude Murail, Christian Heinrich ou Thierry Courtin pour les tous petits devraient ravir les familles et leurs enfants de tous âges. Et puis il y a quelques auteurs qui viennent pour la première fois, dans des registres différents, comme Alain Mabanckou ou Yasmina Khadra par exemple.

Au visiteur d’aller piocher dans le programme ce dont il a envie ou au contraire de se laisser surprendre par des auteurs invités dont il découvrira les œuvres.

Quelles nouveautés proposez-vous cette année ?

Nous avons étendu la formule Petit-déjeuner littéraire qui fait se rencontrer un auteur avec une dizaine de lecteurs et lectrices sur inscription, en créant deux nouveaux rendez-vous autour d’un café/thé en milieu d’après-midi. Outre la reconduction de la Grande dictée (qui a eu beaucoup de succès en 2019 et en 2020) avec Philippe Jaenada, il y aura une animation autour d’un exercice d’écriture ludique, le cadavre exquis, animé par le romancier François Médéline.

François Médéline (photo : X. Hacquard & V. Loison)
François Médéline (photo : X. Hacquard & V. Loison) animera un atelier autour du cadavre exquis le 10 octobre à Lire en Poche

La librairie Mollat a proposé de produire des captations vidéo de toutes les rencontres qui ont lieu dans la grande salle du théâtre des quatre saisons et qui seront retransmises en direct, mais aussi consultables en différés après le salon. Cela permet à la fois de revoir une rencontre qu’on a raté parce qu’on a, au même moment, assisté à un autre débat, mais aussi de participer à une partie du salon à distance si on n’a pas pu se déplacer.

Pour mettre en valeur le Prix de littérature traduite, nous avons programmé une joute de traduction qui réunira deux traducteurs/trices autour d’un texte et confrontera leur travail respectif en invitant le public à participer. Dans le courant de l’année, nous avons aussi mis en place une animation autour de la correspondance avec « Une lettre pour vous », qui verra des comédiens-facteurs remettre à un visiteur une lettre écrite par une personne réelle, qui l’a faite parvenir au salon, et qui, peut-être, incitera à la rédaction d’une autre lettre. Et puis il y aura bien sûr de nombreuses animations jeunesse, avec des expositions, des ateliers d’écriture, d’illustration, des lectures et des jeux qui se renouvellent chaque année.

Le programme du salon est disponible sur le site de Lire en Poche.