L’association Maison de la poésie de Bordeaux a lancé une souscription sur Helloasso afin de récolter des fonds. Son but ? Rendre la poésie accessible en réunissant écrivains et publics dans un espace-temps dédié au texte. Avec un plaisir en plus : rendre la poésie joyeuse. Présentation du projet.
L’association Maison de la poésie de Bordeaux à peine créée, son président Patrice Luchet a déjà planifié des événements qui font entendre des textes « de manière joyeuse » et qui « permettront de présenter la marque de fabrique » du travail qui sera mis à l’œuvre dans la future maison. Le premier événement est de taille. Il s’agit de la soirée de lancement de L’Escale du livre le vendredi 8 avril prochain. Après quatre demi-journées d’atelier d’écriture avec Nicolas Tardy, des élèves de CM1-CM2 présenteront leur travail en ouverture de la soirée, puis resteront en bord de scène quand d’autres auteurs, Fanny Chiarello et Emanuel Campo accompagnés par Eric Pifeteau, l’ancien batteur des Little Rabbits, prendront le relais.
Rendre la poésie accessible
Le concept est simple à première vue : organiser un atelier d’écriture avec un écrivain sur quelques jours et une restitution de lectures à voix haute mise en musique, en danse, en dessin, en photographie sur une scène professionnelle, avec des professionnels.
L’objectif de Patrice Luchet est « de monter quelque chose qui rende la poésie accessible. » L’atelier d’écriture comme sa restitution à voix haute donnent accès au texte. « Le rythme de la poésie permet d’abattre les contraintes de langue; la liberté de la poésie permet de défier la barrière de la langue. » Et le final sur scène, où chacun est autorisé à faire entendre sa voix, dans des conditions professionnelles, permet un moment de partage avec les familles, les amis, les spectateurs, les artistes.
Si « nous avons tous un jour ou l’autre croisé la poésie dans notre vie », nous nous en sommes bien souvent éloignés. Avec ce concept, la poésie encore trop élitiste, serait remise dans la société.
Un projet de poésie et de liens
L’amener dans le monde de l’entreprise est aussi envisagé. Les différents modes de management mis en œuvre ces dernières décennies, citons au hasard et de manière non exhaustive le flex office, la gestion par la qualité et le lean management, la segmentation du métier, ont grandement contribué à la perte de sens. Pour Patrice Luchet, la poésie peut contribuer à « retrouver un sens et avoir une portée sociale par le fait de travailler ensemble puis de restituer ensemble. »
Nous partons du constat que notre monde a besoin de poésie, car le poète dit le monde. Et le réinvente par ses mots. Et cela fait du bien.
« Tout est possible », affirme Patrice Luchet qui anime des ateliers d’écriture pour des migrants dans le cadre du collectif Bienvenue – Mobilisation pour les réfugiés et qui espère toucher tous les publics.
Et favoriser des rencontres avec des auteurs variés. Même si certains restent hésitants à se mettre en scène, Patrice Luchet se veut rassurant : « La lecture à voix haute n’est pas très éloignée du travail d’écrivain. Elle permet de voir son texte différemment. Et on peut encore avoir une prise sur son texte pendant une lecture, il n’est pas encore figé. Si l’on fait appel à un auteur, c’est qu’on croit en lui, en son texte et qu’on croit qu’il va rencontrer un nouveau public, un public inattendu. »
Une équipe aguerrie
Entouré d’Eric Chevance, co-fondateur du TNT – Manufacture de chaussures aujourd’hui enseignant à l’université Bordeaux-Montaigne, de Carole Lataste, chargée de l’action culturelle au sein de l’association N’a qu’1 Œil, de Philippe Bruno, créateur de la startup BlookUp, un service d’édition de livres de blogs, d’Hèlène des Ligneris, directrice de La Machine à Lire, et des enseignantes Christelle Granit et Stéphanie Soulié, Patrice Luchet assure avancer confiant.
Lancer la poésie dans le monde en la mettant en pratique, en la décloisonnant, en l’ouvrant parce qu’elle fait grandir et crée des liens. Tel est le projet de la Maison de la poésie de Bordeaux. Les villes de Paris, Nantes, Rennes, Hagetmau ont la leur. Assurément, un tel projet fait sens à Bordeaux. Si à terme, l’objectif est de trouver, ou de partager un lieu, l’objet de la souscription lancée via Helloasso est plus modeste. Avec pour ambition de récolter 15 000 €, les fonds permettront de financer les premiers événements principalement à travers la rémunération des auteurs dans le respect de la charte du CNL.
« Les quelques 3000 € récoltés à ce jour soutiendront les événements prévus pour 2022 », assure Patrice Luchet. Un bon début pour ce projet culturel qui œuvrera à promouvoir la création poétique contemporaine. Parce que tous les poètes ne sont pas morts…