Quittant l’Arctique de son dernier roman De pierre et d’os, Bérengère Cournut marche sur les pas d’Élise, la petite sœur imaginaire d’Élisée Reclus. Un hommage à l’oeuvre du géographe et à la nature.
Élise a onze ans et sept frères et sœurs. Tous élevés dans la montagne, à l’abri du monde, ils suivent l’enseignement de leur mère qui les emmène chaque matin étudier au cœur de la nature, là où chantent les ruisseaux et bruissent les feuilles des arbres.
Nous partons le matin dans les bois
Notre mère marche en tête sur le sentier étroit
Une chanson aux lèvres, un bâton à la main
Voilà déjà un an que leurs frères aînés Onésime et Élisée, le futur géographe, sont partis étudier dans une école d’horticulture. Un jour, sur le chemin d’une ferme, Élise rencontre une vouivre qui jaillit d’un ruisseau. La femme-serpent l’avertit qu’un grand danger menace son frère Élisée. Dans le plus grand secret, la fratrie délègue à Élise une périlleuse mission : celle de retrouver leurs frères.
Un sentiment de légèreté et de totale liberté parcourt ce récit écrit en vers… libres. Les mots dansent sur les pages, l’histoire coule, tel un ruisseau. Comme dans son précédent roman, De pierre et d’os, Bérengère Cournut décrit avec poésie un monde où la réalité se mêle avec d’autres dimensions : celle des rêves, des légendes et des sortilèges.
La seule maladresse de ce récit et de laisser penser qu’il se déroule au 19ème siècle, une supposition légitime puisque l’auteure s’inspire de la famille d’Élisée Reclus (1830-1905). L’histoire semble même atemporelle puisqu’elle se déroule au coeur de la nature.
Cependant, il arrive un moment où la modernité (le mot « mobylette ») et les problématiques qui agitent notre monde actuel surgissent dans le récit et le propulsent à notre époque, ce que l’on a du mal à admettre. Le lecteur est un peu déboussolé par cette bascule qui enlève un peu de poésie à l’ensemble. L’intention de l’auteure est d’avoir voulu rendre hommage à l’étonnante modernité des questions soulevées au 19ème siècle par Élisée Reclus, mais cela ne fonctionne pas bien. Ce n’est donc pas cet hommage que nous retiendrons, mais l’incroyable souffle de liberté qui parcourt les pages de ce livre.

Élise sur les chemins
Bérengère Cournut
Le Tripode, 2021, 176 pages.