Celle qui est revenue: l’adolescence entre deux mondes

Donatella Di Pietrantonio, 2022

Initialement publié sous le titre La revenue aux éditions du Seuil, le roman de Donatella Di Pietrantonio sort en format poche. L’occasion de (re)découvrir ce lumineux roman sur la famille qui a rencontré un immense succès public et critique en Italie.

La narratrice se souvient qu’à l’âge de treize ans, dans les années 70, elle a été rendue à sa famille biologique. Elle avait jusqu’alors été élevée par un couple sans enfant, plutôt aisé, vivant dans une villa de bord de mer. Enfant unique, choyée, sa vie se déroulait tranquillement entre ses études, son goût pour la danse et ses amies. Soudain, sans qu’on lui en explique clairement les raisons, elle est envoyée dans un village isolé des Abruzzes où tout lui est étranger : les membres de cette famille qu’elle ne connaît pas, le dialecte qu’ils parlent et qu’elle ne comprend pas, la brutalité de leurs relations auxquelles elle n’est pas habituée, leur mode de vie et les tâches ménagères qu’elle doit accomplir pour la première fois.

Se sentant abandonnée dans ce milieu dont elle ignore tout, elle n’aura de cesse de prendre le bus pour parcourir la cinquantaine de kilomètres qui séparent le village de la ville où elle a grandi, à la recherche de sa mère adoptive. Et d’une explication sur cette séparation brutale.

Celle qui est revenue aborde subtilement la complexité des relations mère-fille dans une société traditionnelle laissant peu de place aux libertés individuelles. Si la jeune narratrice se sent « orpheline de deux mères vivantes », l’amour maternel est pourtant bien présent. C’est lui qui l’encouragera d’une certaine manière dans sa quête de sens et qui lui donnera la force de faire ses choix.

Une belle et inattendue complicité va se développer avec sa sœur cadette, Adriana, « une fleur improbable qui avait poussé sur un petit amas de terre accroché au rocher ». Dégourdie et gaie, sans véritable éducation, elle est un véritable soutien pour la narratrice. Le lien qui s’établit entre elles lui permettra d’apaiser sa colère et de dépasser ses angoisses. En toile de fond, le contraste entre deux Italie, celle de la côte urbanisée et développée et celle du village reculé au quotidien archaïque est saisissant.

L’écriture ramassée de Donatella Di Pietrantonio rythme le récit. En quelques lignes, avec économie, elle place une situation. Attentive aux bruits, aux odeurs, aux sensations, elle capte les émotions en quelques mots, avec sobriété. Un texte rare. Un roman qui se dévore.

Note : 4.5 sur 5.

Celle qui est revenue
Donatella Di Pietrantonio
Nathalie Bauer (traduction)
Le Livre de poche, 2022, 223 pages.