Dans ce sympathique roman du prolifique écrivain japonais Yoshida Atsuhiro, une galerie de personnages se croisent au coeur de la nuit tokyoïte. Des moments de vie simples et une écriture tout en douceur donnent de la légèreté à ce récit malgré tout subtil.
À bord de son taxi bleu nuit, Matsui sillonne la ville tentaculaire de Tokyo. Chauffeur aguerri, il a l’habitude des clients hauts en couleur qui peuplent les nuits tokyoïtes. Qu’ils soient discrets ou bavards, depuis son siège avant et en quelques regards dans le rétroviseur, Matsui les cerne assez rapidement et discrètement alors qu’il les conduit à destination. À une heure du matin, il reçoit un appel de Mitsuki, fournisseur pour une société de production : cette nuit, elle recherche des nèfles à la demande d’un grand réalisateur. La tournée nocturne de Matsui commence.
Les histoires des clients de Matsui sont de celles que permet la nuit, décalées et parfois loufoques. Kanako, écoutante à Tokyo 03 Assistance est chargée d’accompagner la mise au rebut d’un téléphone ayant servi à recevoir des appels de détresse, en respectant un protocole de deuil; un homme qui se fait appeler Shuro, comme le célèbre détective d’une série télévisée, a passé la journée à marcher dans Tokyo pour revenir sur les lieux des dix-huit logements qu’il a occupés au cours de sa vie; Ayano, cheffe cuisinière dans le petit restaurant Les Quatre Coins ne peut oublier un homme qu’elle aime encore et qui a subitement disparu. Tous les personnages de Bonne nuit Tôkyô sont en quête de quelque chose ou de quelqu’un.
S’imaginer qu’on aurait été plus heureux en empruntant une autre direction, c’est une illusion.
Yoshida Atsuhiro décrit avec délicatesse ces hommes et ces femmes de la classe moyenne qui travaillent la nuit et questionne le poids du hasard ou du destin dans la vie des gens ordinaires. Les liens entre les personnages, les rencontres, mêmes si elles semblent improbables, que l’auteur tisse au fil de la narration, rappellent que la relation constitue le coeur de l’humanité.
Avec une écriture toute en retenue, une langue simple, le récit s’écoule à un rythme paisible. Si les nombreux personnages perdent parfois le lecteur, la construction de l’histoire comme un puzzle qui prend forme au fur et à mesure de l’avancée du récit est intéressante.

Bonne nuit Tôkyô
Yoshida Atsuhiro
Catherine Ancelot (traduction)
Éditions Picquier, 2021, 227 pages.